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PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION ET DU CRE . D'ADMINISTRATION DU JARDIN | ZOOLOGIQUE,
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PREMIÈRE PARTIE.
PARIS. — IMPRIMERIE DE L. MARTINET, RUE MIGNON, 2.
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HISTOIRE NATURELLE
GÉNÉRALE DES RÈGNES ORGANIQUES,
PRINCIPALEMENT ÉTUDIÉE CHEZ L'HOMME ET LES ANIMAUX,
PAR
M. Isom GEOFFROY SAINT-HILAIRE,
MEMBRE DE L'INSTITUT (ACADÉMIE DES SCIENCES),
CONSEILLER ET INSPECTEUR GÉNÉRAL HONORAIRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE , PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR AU MUSÉUM D "HISTOIRE NATURELLE, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS, ASSOCIÉ LIBRE DE L’ ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE,
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D’ACCLIMATATION ET DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DU JARDIN ZOOLOGIQUE.
TOME TROISIÈME.
PREMIÈRE PARTIE.
PARIS LIBRAIRIE VICTOR MASSON,
PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE.
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SECONDE PARTIE.
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LIVRE DEUXIÈME.
(Suite.)
CHAPITRE VHI. $ w 3 P ? NOTIONS SUR LES ANOMALIES DE L ORGANISATION.
SOMMAIRE, — I. Modifications anomales de l'organisation. — I. Confusion longtemps faite de la tératologie avec l'anatomie pathologique.—III. Esquisse de la classification térato- logique. Hémitéries. Hétérotaxies. Hermaphrodismes. Monstruosités ; monstres unitaires et monstres composés. — IV. Régularité des êtres anormaux. Inversion et redoublement de l'ordre normal. — V. Conservation d'un ordre ancien. Arrêts dans le développement.
— VI, Similitude des anomalies d’une espèce avec les états normaux d'une autre. — VII. Origine accidentelle d’un grand nombre d'anomalies, — VITI. Hérédité tératologique,
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A la suite des diversités comprises encore dans le type spécifique, viennent naturellement, dans l’ordre logique de notre étude, celles qui excèdent les limites de ce type : en d’autres termes, les modifications anomales
de l'organisation, après ses états normaux; les exceptions,
après la règle. LL, 3
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NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. H, CHAP. VIH,
Ces modifications anomales sont de trois genres prin- cipaux : celles qui se transmettent héréditairement sous l'influence de la domesticité ou par la culture; celles qui résultent d'unions sexuelles entre deux individus de types différents; et les anomalies ou déviations organiques proprement dites, communément désignées sous le nom de monstruosités ; nom qui n'appartient scientifiquement qu'aux plus complexes, aux plus graves d'entre elles,
L'étude de l’anomalie, de la domesticité, de l’hybridité, se lie intimement à celle de l'espèce. Les naturalistes ne l'ont reconnu que très récemment pour la première : mais, à aucune époque, ils n’ont discuté la question de l'espèce, sans tenir compte des principaux faits relatifs, aux races animales domestiques, aux végétaux cultivés, et surtout aux métis. Si même, pour ceux-ci, il y a à revenir sur le passé, c’est, sur plusieurs points, pour restreindre l'importance très exagérée qu’on a attribuée à divers résultats, preuves décisives de la fixité de l'es- pèce, selon les partisans de ce système; invoqués en sens contraire, par quelques défenseurs, plus ardents que sévères, de la doctrine contraire.
Nous serons moins prompt à conclure. Ici encore, nous ne craindrons pas de nous éloigner d’abord du but pour y revenir plus sûrement, et de nous arrêter, avant d'arriver à l'espèce elle-même, sur diverses questions partielles, relatives aux êtres anomaux, aux races domes- tiques et aux hybrides.
L'examen préalable de ces questions nots permettra d'introduire parmi les données de la question princi-
pale quelques éléments ordinairement négligés, comme
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. Ə aussi d'en éliminer d'autres qu'on n'eût jamais dù y faire intervenir.
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La tératologie, cultivée depuis l'origine même de l’auatomie et de la physiologie, par tout ce que ces sciences ont possédé d'hommes éminents, et entre tous par Haller (4), était restée jusqu'à notre siècle presque éfrangère aux travaux des zoologisies. Buffon, qui. a distingué trois classes tératologiques, les monstres par excès, par défaut et par renversement ou fausse position des parties (2), et que cette division, souvent reproduite, a fait citer comme un des législateurs de la térato- logie, a écrit, sur les monstres, cinq pages en tout; et encore s’y montre-{-il bien plutôt compilateur qu'au- teur original, Les autres naturalistes ne nous ont guère transmis comme lui que quelques vues ou quelques faits isolés, - ou même, et c’est le plus grand nombre, ils ont laissé les anomalies complétement en dehors du cercle de leurs études, | |
La raison en est simple : elle est dans ce classement vicieux qui a si longtemps fait de la science des anomalies une partie, indistincte, innomée, de l'anatomie patho-
logique. Presque de ‘nos jours, Meckel lui-même ne
songeait pas encore à placer la tératologie en dehors
(1) De monstris, dans les Opera minoraį voy: lé t. HI (4768), p: 3
(2) Suppléments, t. IV, 1778, ps 578:
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h NOTIONS FONDAMENTALES, LIY. M, CHAP. VHI.
des sciences médicales. Le grand ouvrage qu'il Iui a consacré et qui en marque une des époques principales, a été publié, de 1812 à 1816, sous ce titre: Manuel d'anatomie pathologique (4). Jusque dans notre siècle, les naturalistes, à moins qu'il ne s'agit de simples variétés, devaient donc croire que déerire une anomalie, c'était s’aventurer dans le domaine de la médecine; ct « les animaux réguliers » restaient ainsi presque « le seul » fond où lon puisât les éléments de toutes les connais- » sances physiologiques » (2).
C’est en 1820 et 1822 que Geoffroy Saint-Hilaire a, le premier, restitué à la « zoologie pathologique », comme il la nommait alors (3), à la tératologie, comme nous l'avons depuis appelée (4), sa place légitime parmi les sciences biologiques ; elle peut y « marcher de pair», disait Geoffroy Saint-Hilaire, « avec notre zoologie normale,
» sous le point de vue d’une répétition des mêmes formes. » Et c’est aussi l’auteur de la Philosophie analomique qui nous a appris à faire intervenir les faits anomaux, comme autant d'éléments nécessaires, dans la discussion, non de quelques-unes des grandes questions de l'Histoire natu-
(1) Handbuch der pathologischen Anatomie. Leipzig, 3 vol. in-8.
(2) GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Philosophie anatomique, t. IF, 1822, Monstruosités, p. 103.
(3) Ibid., p. 121, dans le second des mémoires dont se compose le tome II de la Philosophie anatomique. — Le premier, Sur plusieurs dé- formations du crâne de l’homme, avait été composé en 1820, et publié, une première fois, dans les Mémoires du Muséum d’'Hisloire natu- relle, 1821, t. VII, p. 85.
(4) Histoire générale et particulière des anomalies de l'organisation, ou Traité de tératologie, 3 vol. in-8° et atlas, Paris, 1832-1836.
ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 5
relle, mais de toutes, sans excepter celle de l'espèce; car c'est pour l’éclairer sur un de ses points les plus fon- damentaux, mais anssi les plus obscurs, que Geoffroy Saint-Hilaire a entrepris, sur la production artificielle des monstruosités chez les oiseaux, une série d'expériences devenues célèbres (4).
De là, pour nous, la nécessité d’ajouter, à ce qui a déjà été dit de la variété, c’est-à-dire du premier degré de l’anomalie (2), queiques notions sur les autres dévia- tions du type; ce que nous croyons ne pouvoir faire d'une manière à la fois plus concise et plus claire, qu’en plaçant ici une esquisse de la classification térato- logique (3).
lif.
En procédant du simple au composé, c'est-à-dire des anomalies les plus légères et les. plus simples aux plus graves et aux plus complexes, nous trouvons d’abord ces variétés, dénuées de toute importance anatomique et physiologique, qui touchent de si près à ce que nous avons appelé les nuances. Mais ces variétés se lient à d’autres, de plus en plus marquées, et celles-ci aux vices de conformation ; et si intimement, qu’on ne saurait les en séparer dans la classification, quand même on n'aurait pas, pour réunir toutes ces anomalies en un seul et même
(1) Voy. le Chap. VI, sect. x, t. Il, p. 417. (2) Vay. le Chap. HE, t. IT, p. 301. (3) Pour les développements, voy. l'Hist. gén. des anomalies.
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6 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. W, CHAP, VIN.
eroupe, une raison décisive, que déjà nous avons indi- quée (1) : la même déviation du type qui n'est dans une éspèce qu'une variété à peine digne d'attention, peut con- stifuer dans une autre une conformation très vicieuse, parfois même nécessairement mortelle, si l'art chirurgical ne la fait promptement disparaître. La distinction des variétés et des vices de conformation, très importante au point de vue particulier de l'anthropologie, de la vétéri- naire, ou de toute autre branche spéciale de nos connais- sances théoriques et pratiques, s'évanouit done dès qu'il s'agit d'une étude générale des anomalies, et par consé- quent, dans la classification tératologique, où les unes et les autres se confondenten un seul et même groupe pri- maire ou embranchement. Nous avons proposé le nom d'hémitéries (2) pour ce premier embranchement térato- logique qui comprend toutes les anomalies qui peuvent être dites simples, c'est-à-dire qui n'atteignent qu'un or- gane ou un appareil, ou qu'un seul ordre de caractères. Les hémitéries portent, tantôt sur le volume, tantôt sur
la forme, tantôt sur la structure, tantôt sur la disposition,
tantôt encore sur le nombre des organes; etde là cinq groupes principaux ou classes, où se rangent, pour nous borner à citerici en exemples les faits les plus -connus chez l'homme et les animaux : le nanisme et le géantisme, hémitéries de la première classe; l'albinisme et le méla- nisme, qui appartiennent à la troisième ; l’ectrodactylie el la polydactylie, qui se rangent dans la dernière, (4) Loc. Cites C Il, p. 350.
(2) C'est-à-dire, demi-monstruosités. Du radical #utov:, demi, et de rs025, MOnStre,
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 7
Toutes les autres anomalies sont compleæes : telles sont les hétérotaxies, embranchement tératologique qui restait encore innomé en 1832; les hermaphrodismes ; et enfin les monstruosités, quatrième embranchement, beaucoup plus étendu que les deux précédents, et terme extrême de la série tératologique (4).
Les hétérotawies (2) sont des anomalies qu’on pourrait, au premier aspect, croire impossibles ; car elles sont ca- ractérisées à la fois par leur complexité et par leur inno- cuité : un très grand nombre d'organes sont atteints, et cependant la vie s'exerce sans trouble. C'est que les mo- difications anomales ne portent encore ici que sur des caractères secondaires, et presque toujours seulement de position, comme on le voit dans l'inversion splanchnique ou transposition des viscères, et dans l'inversion générale, telle qu’on l'observe chez les animaux extérieurement asymétriques. |
Les hermaphrodismes laissent encore s'accomplir sans trouble la vie individuelle, mais non plus la vie de l'espèce, qui, le plus souvent même, devient compléte- ment impossible. Ils résultent de la réunion, chez un indi- vidu appartenant à une espèce normalement dioïque, des deux sexes ou de quelques-uns de leurs caractères. Dans l'hermaphrodisme, l’anomalie a tantôt lieu sans eæcès
(4) Dans sa savante et ingénieuse Tératologie végétale (Paris, in -8, 4841), M. Moquin-Tanpon distingue d’abord (p. 28), comme nous le faisons en tératologie animale, les anomalies simples et les anomalies compleæes ; mais celles-ci ne sont pas subdivisées en embra nchements : toutes sont comprises sous le nom de monstruosités.
(2) De érepos, autre, et 746s, arrangement, ordre.
8 NOTIONS: FONDAMENTALES, LIV.: H; CHAP. VIN,
dans le nombre des parties; tantôt, et bien plus rarement, avec excès ; d’où deux classes anatomiquement très dis- tinctes. À la première appartiennent les hermaphrodismes masculin et féminin, où l'appareil sexuel, essentiellement mâle ou essentiellement femelle, revêt plus ou moins les apparences de l’autre sexe ; l’hermaphrodisme neutre, où l'appareil présente des conditions intermédiaires entre celles du måle et celles de la femelle, sans être réelle- ment d'aucun sexe ; et l’hermaphrodisme mixte, où l’ap- pareil est en partie mâle et en partie femelle. Dans la seconde classe, celle des hermaphrodismes avec excès , l'appareil sexuel est tantôt mâle avec quelques parties femelles surnuméraires, tantôt femelle avec quelques par- ties mâles, ce qui constitue les hermaphrodismes masculin complexe et féminin complexe ; tantôt encore, composé d’un ensemble de parties mâles et d’un ensemble de par- ties femelles, ce qui constitue l’hermaphrodisme bisexuel.
Les anomalies auxquelles doit être réservé le nom de monstruosités, sont à la fois anatomiquement les plus complexes et physiologiquement les plus graves. Tandis que, dans les hétérotaxies, la vie continue à s’exercer normalement, et que, dans les hermaphrodismes, un seul ordre de fonctions est troublé; les monstruosités, selon leur nature ou leur siége, ne laissent s'accomplir la vie que dans des conditions très anomales, ou même, et le plus souvent, ne lui permettent pas de se prolonger au delà de la naissance.
Le quatrième embranchement tératologique, restreint dans ces limites, reste encore très étendu, et présente, de ses premiers à ses derniers genres, des différences considé-
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION, "9
rables. Les plus importantes sont celles d’après lesquelles les monstres se partagent en deux grandes classes, les monstres unitaires et les monstres composés. Chez les pre- miers, comme l’exprime leur nom, on ne trouve que les éléments complets ou incomplets d'un seul individu ; les autres, au contraire, réunissent en eux les éléments, le plus souvent incomplets, de plus d’un individu.
Les premiers sont tantôt autosites, tantôt omphalosites, et tantôt parasites; et les autres tantôt autositaires, et tantôt parasitaires.
Parmi les monstres unitaires, les autosites sont les moins éloignés de l’état normal ; ils offrent même encore, dans plusieurs régions, la conformation ordinaire; aussi peuvent-ils encore vivre et se nourrir par le jeu de leurs propres organes : d’où le nom sous lequel nous avons désigné cet ordre (1), qui est de beaucoup le plus consi- dérable. Parmi les nombreux genres qu'il comprend, nous citerons, comme exemples très connus et très re- marquables, les monstres désignés sous le nom de siréno- mèles ou sirènes, à cause de la ressemblance que leur donne, avec les sirènes de la Fable, la fusion en un ap- pendice unique de leurs membres inférieurs, toujours plus ou moins atrophiés; les thlipsencéphales et nosencé- phales, où l’encéphale est remplacé par une tumeur vas- culaire; les anencéphales qui n’ont pas plus de moelle épinière que d’encéphale, et peuvent néanmoins vivre plusieurs jours ; enfin les rhinocéphales et cyclocéphales, vulgairement les cyclopes, ainsi nommés à cause de leur
(1) Autosite, de adréaircs, qui se procure lui-même sa nourriture.
10 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. IF, CHAP. VIII,
œil unique, que surmonte souvent une trompe formée par les parties cutanées du nez.
Les omphalosites sont, à double titre, beaucoup plus imparfaits que les autosites. D'une part, ils manquent d’un très grand nombre d'organes, et, de Pautre, tous ceux qui existent sont très mal conformés ou même seulement ébauchés. Aussi ces monstres vivent-ils seulement d’une vie imparfaite, et pour ainsi dire passive, qui n’est entretenue que par la communication avec la mére, et cesse dès que le cordon est rompu; d’où le nom sous lequel ils sont désignés (4). Ce sont les monstres sans tête, si connus sous le nom d’acéphales, ou mieux, c’est la grande - famille des acéphaliens, qui compose la presque totalité de l’ordre des omphalosites. Toutefois, au-dessus de ce groupe, se placent les paracéphaliens, un peu moins incomplets, puisqu'ils ont encore une tête, il est vrai très mal conformée; et au-dessous, viennent les anidiens, monstres très singuliers et d’une simplicité extrême, chez lesquels, le corps se trouve presque réduit à une simple bourse-eutanée.
Les parasites sont cependant, sinon plus simples, du moins plus imparfaits encore ; et tellement, qu'ils ont été longtemps confondus avec les môles. Ils se présentent à l'observation sous la forme de masses inertes, irrégulières, composées principalement d'os, de dents, de poils et de
graisse. Ces singuliers monstres n’ont même plus de cor- don ombilical, et c’est ce qui forme leur caractère essen- tiel. Implantés directement sur les organes de la mère,
(4) Omphalosite, de Suzav:, ombilic, et arcs, nourriture.
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 44
ordinairement sur ses ovaires, ils vivent à ses dépens d'une vie obscure, végétative, et sans terme assignable. On a vu cette vie intérieure se prolonger quarante ans el plus, la naissance n’ayant lieu, pour ces monstres, que très rarement el dans des circonstances exceptionnelles.
Les monstres composés ne sont presque jamais que doubles : on n’en connait aucun quadruple ou plus com- plexe encore, et à peine en peut-on citer quelques triples.
La classification des monstres doubles se rattache très naturellement à celle des monstres unitaires. En effet, tout monstre double peut être représenté par l'union d'ùn autosite, soit avec un autre autosite, offrant le même degré de développement que lui, et contribuant à la vie commune; soit, au contraire, avec un omphalosite ou un parasite, très imparfaitement développé, incapable de vivre par lui-même, et qui ne subsiste qu'en se nourris- sant aux dépens de l’autosite dont il n’est physiologique- ment qu'un simple appendice. Dans le premier cas, le
monstre double est dit autositaire, et dans le second,
parasilaire.
Chez les premiers autositaires, la duplicité est encore presque complète, et il n’y a guère entre les individus composants qu'une simple soudure, restremte à quelques organes: si bien qu'il y a ici plutôt deux vies associées qu'une vie commune. Mais, dans les groupes qui suivent, l'union devient de plus en plus profonde, la duplicité de plus en plus incomplète; d’où les monstres doubles supé- rieurement, uniques inférieurement, ou doubles inférien - rement, uniques supérieurement. Ces deux séries de modifications, partant de la dualité qui est iei l’état normal,
12 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. H, CHAP. VIN.
finissent presque l’une et l’autre par aboutir à Punité; offrant, en effet, à leur terme extrême, l'apparence d’un individu simple, chez lequel existeraient quelques organes surnuméraires.
A la tête de l’ordre des parasilaires, nous trouvons aussi des monstres complétement doubles, les hétéro- pages; puis viennent des monstres semi-doubles, les hété- rodymes et hétéradelphes ; et enfin, de presque unitaires. L'hétéropagie, un des cas les plus rares de la tératologie, est l'implantation, à la partie antérieure d’un individu autosite et complet, d’un sujet accessoire, très petit, très imparfait, mais dont le corps porte encore une tête et des membres. Le sujet accessoire est semblablement implanté dans lhétérodymie et l’hétéradelphie, mais ne se compose plus, dans la première, que d’une tête, d’un cou et d'un thorax très rudimentaire, et dans la seconde, de la moitié inférieure du corps. Plus loin, le petit individu se réduit à une tête avec un rudiment de cou attaché par le sinciput au sinciput de l’autosite; puis à une tête rudimentaire, greffée sur la mâchoire inférieure ou sous le cou de celui-ci; et à des membres surnuméraires insérés sur divers points, parfois avec quelques parties accessoires. Dans les derniers enfin, les monstres endocymiens, le plus petit sujet, ordinairement encore plus réduit, est à l'intérieur du plus grand; il est comme emboïté dans celui-ci. La monstruosité consiste ici en une sorte de grossesse originaire; et celte grossesse, qui n’est au fond que l'union de deux jumeaux très inégaux et très diffé- rents par leur conformation, peut se rencontrer aussi bien chez un sujet mâle que chez un sujet femelle. L'in-
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i ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 18
clusion est tantòt superficielle et seulement sous cutanée,
tantôt tout à fait intérieure. Si le parasite inclus est,
comme il arrive le plus souvent, d’un très petit volume, le monstre double endocymien peut offrir une conforma- tion extérieure presque entièrement normale; en sorte que la série des monstres doubles parasitaires nous con- duit graduellement, comme celle des autositaires, de la
dualité à l'unité. Ajoutons que le dernier terme de la
monstruosité double se relie aussi avec le dernier terme de la monstruosité unitaire : à ce point qu’il est extrême- ment difficile, dans quelques cas, de distinguer l’un de l’autre, l'inclusion abdominale d'un sujet accessoire para- Sitique dans sa sœur jumelle pouvant simuler celle d’un monstre parasite dans sa mère.
Tels sont les principaux groupes tératologiques, selon la classification que nousavons cru devoir adopter et proposer (4); et tel est le vaste champ où nous aurons à
venir chercher, à plusieurs reprises, des notions appli-
«bles à l'Histoire naturelle générale, et avant tout, à sa question fondamentale, celle de l'espèce.
IV.
Il suffirait de l'exposé qui précède, si concis, si incom- plet qu’il soit, pour faire au moins entrevoir le résultat capital de tous les travaux des tératologues modernes, celui que Geoffroy Saint-Hilaire surtout s'est attaché à
(1) Nous aurons à revenir sur cette classification, afin de montrer
qu'elle est à la fois, au moins pour le quatrième embranchement, naturelle et parallélique. (Voy. la troisième partie de cet ouvrage.)
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Ah NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. H, CHAP. VII.
mettre en lumière : la régularité des êtres anomaux. Pour l'établir complétement, ił faudrait entrer dans des déve- loppements dont le moment n'est pas venu; mais avons-nous besoin d'aller plus loin pour saisir quelques relations entre l’ordre normal, et ce qu'on a si longtemps appelé les aveugles désordres de l’anomalie, les jeux bizarres de la nature? Entre les êtres qui ont leurs lois et leurs fins, et portent «la marque de l'intelligence su- prême », el ceux qu'un grand écrivain présentait en- core, il y a un demi-siècle, comme des « échantillons des lois du hasard » et « de la création sans Dieu» (4)! Entre « les espèces, comparables aux proportions définies » des chimistes » et les « mélanges », sans règle, de la monstruosité, a-t-on dit de nos jours même (2), en essayant de rajeunir par une forme plus scientifique, de vieilles croyances qui ont fait leur temps.
Pour le montrer du moins en partie, il nous suffit des faits qui précèdent. Comment méconnaitre que parmi les anomalies que nous venons de mentionner, il en est dont la régularité est aussi parfaite que celle de l'état normal?
Citons deux séries d'exemples, les uns pris en dehors des monstruosités, les autres parmi celles-ci elles-mêmes : les hétérotaxies, et les monstres doubles autositaires.
Qu'est-ce que l’hétérotaxie? La transposition, soit de tous les viscères, soit de l'être tout entier. Evidemment il n’y a pas ici désordre dans le vrai sens de ce mot, c'est- à-dire, défaut d'ordre, confusion; mais, ce qui est bien
(1) CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, liv. V, chap. tr.
(2) BLAINVILLE, Leçons orales à la Faculté des sciences, 1833. — Blainville étendait cette vue aux hybrides,
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 15 différent, un autre ordre, et tout aussi parfait, à le prendre en lui-même, que l’ordre normal : car il en est exacte- ment l'inverse, le symétrique. Placez un miroir devant l'être anomal ; l'image représentera exactement les carac- ières normaux de l'espèce. Et c'est pourquoi l'hétéro- taxie laisse, aux individus qui en sont affectés, toutes leurs chances de vie : témoin l'invalide de Morand et de Méry, mort à soixante-douze ans, et chez lequel on trouva une hétérotaxie splanchnique jusque-là ignorée de. tous, à commencer par le sujet lui-même (4).
Les hétérotaxies nous offrent donc l'exemple décisif
d’une classe d'anomalies, ni plus ni moins régulières que l’état normal. Où l’on avait vu le désordre d’une « nature en débauche » (2), il y a seulement substitution à l’ordre commun d’un ordre inverse qui lui est parfaitement
équivalent,
La régularité des premiers monstres doubles autosi- taires n’est pas plus contestable. Le prétendu désordre de
ees organisations anomales n’est autre chose que l’ordre
normal redoublé; par conséquent encore, à le considérer en lui-même, et à part la rareté ou la fréquence des cas où il se présente, un état aussi régulier qu'aucun autre. Et même est-ce assez dire ? Sans aller jusqu’à cette asser- tion paradoxale que les premiers monstres doubles sur-
(1) Mémoires de l'Académie des sciences, 1666 à 41699, t. H, p.44, ct t: X, p. 734. — Voyez aussi WiNsLOW, Mém. pour 1733, p. 374:
L’hétérotaxie de Méry occupa, vers 1660, le public parisien, et même le public de toute l'Europe, presque autant que le monde savant. C’est ce fait tératologique qui inspira à Monière l’idée de faire placer, par le Médecin malgré lut, le cœur à droite et le foie à gauche.
(2) Expressions tirées d’une pièce de vers sur l'hétérotaxie de Méry;
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16 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. H, CHAP. VII. passent en régularité létat normal lui-même, il est vrai que leur organisation est soumise à des règles plus mul- tipliées encore; car elle est assujettie à deux genres de symétrie, une double symétrie partielle, et une symétrie générale : la première, comme dans l’état normal, entre les deux moitiés de chacun des individus composants; et la seconde, entre l’un et l’autre de ces individus. En d’autres termes, et plus exactement, les organes sont coordonnés, dans l’état normal, par rapport à un seul plan médian ou épine; ils le sont, chez les monstres doubles autositaires, par rapport à deux épines, elles- mêmes coordonnées par rapport à un troisième plan qu'on a appelé le plan d'union.
Voici donc encore des êtres anomaux qu’on ne saurait étudier, ne füt-ce que superficiellement, sans saisir, entre les principales parties de ces organisations dites « désor- données », une symétrie parfaite, un enchainement aussi bien ordonné qu'entre celles des êtres normaux. La régularité, ici, n’est pas seulement démontrable par la science, elle est manifeste avant toute étude. Pour la reconnaitre, il suffit de voir, et pour voir, de regarder.
L'observation physiologique viendrait d’ailleurs ici en aide, s’il en était besoin, à l’observation anatomique. La double vie, ou plutôt pour les premiers monstres doubles autositaires, les deux vies associées peuvent se prolonger jusqu’à l’état adulte, et même jusqu’à la vieillesse. Tout le monde a lu dans Buffon l’histoire des jumelles hon- groises, nées en 1704 à Szony, baptisées sous le double nom d'Hélène et de Judith, offertes à sept ans en spec- tacle à la curiosité publique, conduites successivement
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 17
en Allemagne, en Italie, en France, en Hollande, en
Pologne, examinées pendant ces voyages par tous les phy-
siologistes, philosophes et naturalistes de l’Europe, célé- brées par plusieurs poëtes, au premier rang desquels se place l'illustre Pope, et mortes à vingt-deux ans dans un couvent de Presbourg. De nos jours, les frères siamois Chang-eng, que Boston et New-York ont vus en 1899, Londres en 1830, Paris en 1835, le nord de l'Europe dans les années suivantes, et que nous croyons encore vivants, n’ont pas moins fixé l'attention publique, et ont donné lieu, de notre part, et de celle d’un grand nombre
d’autres naturalistes et médecins, à des observations que nous avons ailleurs résumées (1). Ces observations, et toutes celles plus ou moins analogues, qu’on avait déjà faites sur des monstres doubles adultes, mettent en lumière la parfaite harmonie de l’organisation des pre-
miers autositaires, et par conséquent encore, sous un autre
point de vue, leur régularité. Qu'est-ce que l'harmonie,
Si ce n’est la coordination, la régularité physiologique,
comme la symétrie est un des modes, et le plus simple, de la coordination, de la régularité anatomique ?
y.
La régularité de lêtre anomal était saisissable dès le premier aspect dans les exemples qui précèdent; ailleurs, et bien plus souvent, elle est cachée sous des apparences à travers lesquelles il appartient à la science de la, cher-
(1) Hist. gén. des anomal., t. 111, p. 86 à 92. — Et pour Hélène- Judith, ibid., p. 50 à 56.
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15 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. M, CHAP., VHI.
cher et de la découvrir. C'est ce qu’elle a fait dans une multitude de cas, comblant peu à peu l'abime qu’une vieille et tenace erreur avait creusé entre l’état normal et l’anomalie : si bien qu’où l’on avait vu partout le désordre, elle a fini par retrouver partout l'ordre.
Sans la suivre en ce moment jusque-là comme nous l'avons fait dans un autre ouvrage, indiquons du moins par des exemples la voie qu’elle a suivie; et afin qu'ils soient plus décisifs, choisissons-les parmi les anomalies qui constituent de hideuses difformités ou mettent obstacle à l’accomplissement de la vie.
Un enfant naît avec un bec-de-hièvre, un autre avec une exomphale. Le premier est difforme, et il tette diffici- lement; le second, plus mal conformé encore, n’a que peu de chances de vie. Comment ne serait-ce pas là des désordres, et de graves désordres ? Dans ces deux vices de conformation, l’un hideux, l’autre mortel, comment, au premier aspect, ne pas voir des organisations sans règle comme sans fin, et ne pas donner raison à Pline et aux auteurs du moyen âge et de la renaissance ? C'est ce qu’on a longtemps fait; et tant qu'on a vu, dans l'anatomie et la physiologie de l'adulte, l'anatomie et la physiologie tout entières, la science semblait justifier les impressions que porte inévitablement à notre esprit la première vue de ces productions imparfaites de la nature.
Mais comment sont-elles imparfaites ? Sont-elles en dehors de toute règle? Ou ce qui est bien différent, se- aient-elles simplement en dehors des règles ordinaires de l'organisation de l'enfant, au moment de sa naissance ?
C'est ce qu'oh a pu savoir le jour où à côté de l’ordre
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ANOMALIES DE L'ORGANISATION. 19 normal définitif, est venu se placer, dans la science, l'ordre normal embryonnaire, ou plutôt cette suite d'états très divers qui, se succédant aux diverses phases de la vie embryonnaire et fœtale, sont tour à tour, pour elle, l’ordre normal. C’est à ces ordres normaux antérieurs qu'appartiennent, au moins par leurs traits essentiels, les deux dispositions qui, conservées jusqu’à la naissance, constituent, l’une le bec-de-lièvre, l’autre l'exomphale ; et de même, une foule d’autres anomalies, notamment des lissures, des perforations, des imperforations, des divi- sions, des cloisonnements, des atrophies, pareillement explicables par la conservation partielle, dans un âge, d’un ordre normalement propre à un autre. Série, aujourd’hui devenue immense, de cas tératologiques où l’arrange- ment organique qui constitue l’anomalie, non-seulement n'échappe pas à toute règle, mais n’est pas même étranger à l'espèce où on l’observe, et ne touche pas simplement à l’ordre normal, mais en dérive, en fait partie.
Le bec-de-lièvre et l’exomphale ne sont ni les plus remarquables de toutes les anomalies de cet ordre, ni celles qu’on ramène le plus facilement et le mieux à un ordre normal antérieur ; mais elles sont les premières qu'on y ait ramenées. Elles présentent ainsi, historique: ment, un très grand intérêt, et c’est pourquoi nous les avons choisies, entre toutes, comme exemples. L'expli- cation du bec-de-lièvre par la persistance de caractères embryonnaires daté dans la science de plus de deux siècles : le grand Harvey l’a indiquée dès 1651 (4). Celle
(1) Ecercitationes de generatione, exercit, LXIX.
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20 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. 11, CHAP. VIIL.
de l’exomphale, ramenée à ce que nous appelons aujour- d'hui un arrét de développement, est très ancienne aussi : Haller l’a donnée en 1768 (1). Premier et second pas, à un siècle de distance, dans la voie où devaient s’avancer si loin, Meckel en 1812 (2), Geoffroy Saint-Hilaire en 1822 (3), et de nos jours M. Serres (4) et tant d'autres en France et en Allemagne.
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L'anomalie peut n'être ni un ordre inverse, ni l'ordre normal redoublé, ni un ordre ancien conservé, et n'être pas encore le désordre. Est-ce le désordre dans le vrai sens de ce mot, que la présence, chez un être organisé, de dispositions qui ailleurs, et souvent très près de lui, constituent l’ordre normal lui-même? Et de ce que cet ordre se déplace, pour ainsi dire, et passe d'une espèce à une autre, suit-il qu'il échappe à toute règle ?
(4) De monstr., loc. cit., p. 155.
(2) Handb. der pathol. Anat., t. 1.
(3) Philos: anat., t. I.
Geoffroy Saint-Hilaire a été, comme on le voit, précédé par Méckel pour l'application de la Théorie des inégalités de développement à la tératologie. Il l’a au contraire précédé pour la conception générale de cette même théorie et pour son application à l'anatomie comparée.
En attendant que nous ayons à traiter spécialement dans cet ouvrage de la Théorie des inégalités, voy. pour l’histoire de cette grande théorie, Vie et travaux de Geoffroy Saint-Hilaire, Paris, in-8 et in-12, 1847, Chap. V.
(4) Recherches d'anatomie transcendante et pathologique, dans les Mém. del Acad. des sc, te X1, p. 583 à 895; et à part, Paris, in-4, 1832.
ANOMALIES DE L'ORGANISATION, 21
Les exemples de ce genre de déviations abondent dans
la science, Autant il est commun que l’anomalie soit expli- cable par la persistance de caractères embryonnaires , autant il l’est qu'elle résulte de la présence dans une espèce de conditions organiques normalement propres à une autre,
Et c’est pourquoi la tératologie a pu être dite, non- seulement une embryogénie permanente, expression souvent employée de nos jours; mais aussi, une autre anatomie comparée, une autre zoologie.
Nous citerons quelques exemples pour montrer jus- qu’où peut être suivie la vérification de cette proposition. Prenons-en d’abord un, déjà mentionné plus haut, et qui, très simple et très généralement connu, est, à ce double titre, très propre à servir d'introduction aux autres : l'absence du pouce aux membres thoraciques.
Chez l’homme, cette disposition est une anomalie, dou- blement nuisible : elle rend la main difforme, et la pré- hension difficile; elle constitue donc un vice de con- formation, une des formes de l’ectrodactylie, et une des plus ficheuses. Mais la même anomalie n’est déjà plus chez le chien qu’une variété, absolument insigni- liante au point de vue physiologique, par laquelle le membre antérieur se trouve ramené au type du pied postérieur, normalement privé de pouce chez le même animal. Et après le chien, viennent d’autres animaux, par exemple, à ses côtés même, la cynhyène, chez lesquels le pouce antérieur, à son tour, cesse normalement d'exister; la tétradactylie devient l’état typique.
L'absence du pouce est done, tour à tour, dans un grand
99 NOTIONS FONDAMENTALES, LIV. 1, CHAP., VIII
nombre d'espèces, la règle, dans d’autres, Pexception ; mais jamais, à vrai dire, le désordre.
De même, qu'est-ce que le développement, plusieurs fois observé chez